Intervention en séance budgétaire du Conseil régional, à l’occasion de la discussion sur le volet formation professionnelle, apprentissage et emploi du budget 2020. J’ai notamment insisté sur la formation des personnes sous main de justice, domaine où la Région manque cruellement à ses obligations légales définies par la loi NOTRE de 2015.
Monsieur le Vice-président, Monsieur le président, chers collègues,
La formation professionnelle est la première des politiques de développement et de structuration de l’économie. C’est parce qu’il existe des savoir faire que se constituent les pôles qui définissent l’économie mondiale ; assurément, nous devons nous emparer de cet enjeu à deux titres.
Le premier, c’est pour pallier les insuffisances sociales de l’économie francilienne. En effet si celle-ci est dynamique et prospère elle génère aussi des exclus, pour ne pas dire de grands exclus. Nommons les : les jeunes sans qualification, les femmes en voie d’insertion, ou de réinsertion professionnelle, les seniors, les réfugiés, les détenus. Il est essentiel que la région renforce ses actions pour ces publics spécifiques, parce que ce sont ceux que le marché et les programmes existants soutiennent le moins. C’est donc là que notre action peut avoir le plus d’impact. A titre d’exemple, notre collectivité prévoit 3.4M€ pour les personnes sous main de justice en 2020. Sur la période 2018-2019, selon votre propre annexe, 850 stagiaires seulement sont entrés en formation. En 2017, déjà, en Nouvelle Aquitaine, 5000 personnes avaient bénéficié de 83 actions de formation. Nous avons pourtant déjà débattu de ce point en commission. Où en sommes-nous, où allons-nous sur le sujet ? Vous voulez outrepasser nos compétences pour rénover les commissariats et aider au financement des prisons… mais il faut aussi durablement réinsérer les personnes dans la société pour éviter la récidive, d’ailleurs on sait que ces actions font très très fortement baisser la rédicive. Et voilà qu’on a la compétence, depuis plusieurs années. En 2017 15% des détenus ont eu une formation seulement. Il faut aller beaucoup plus loin.
Le deuxième enjeu c’est de pallier les insuffisances écologiques de l’économie francilienne. Structurer les filières de production, de bâtiment, d’industrie, d’artisanat, et de services, c’est nous assurer que notre appareil productif seront à même de relever le défi le plus vite possible.
L’arrivée du Plan d’investissement dans les compétences est à cet égard une occasion majeure. A nous d’aller au-delà de la situation actuelle. Ce n’est pas parce que dans le bassin d’emploi du nord de la Seine St Denis le métier d’agent de sécurité est une des premières demandes (d’après l’IAU en 2018) que nous devons aller à fond sur ce métier. Des postes productifs, créatifs, à impact positif intéressent et valorisent bien mieux les personnes et les talents.
Enfin, dans le contexte de secousse que connaît le monde de l’artisanat, nous sommes inquiets de la baisse continue des crédits des missions locales, et de l’avenir des CFA dont le moins que nous puissions dire est qu’il n’est pas universellement garanti. C’est le sens des amendements que nous avons déposé. Merci aux services qui ont travaillé à préparer les documents et œuvré remarquablement dans le contexte difficile de la réforme actuelle.