Formation des personnes sous main de justice : un scandale régional et national

Intervention sur le sujet des établissements pénitentiaires franciliens, où il est question de la criante insuffisance de la formation dispensée aux personnes sous main de justice.

Monsieur le Vice-président, Madame la Présidente, chers collègues,

Les 17 établissements pénitentiaires franciliens sont en grande partie vétustes.

En Ile de France, elles sont des lieux de misère et de désinsertion, sans préparation suffisante du retour au sein de la société. La condition carcérale actuelle nous fait honte et ne résout rien.

 

Vous faites, dans ce rapport, le bilan de votre action sur la sécurité. Plus de 80 millions d’euros ont été dépensés au cours du mandat sur l’équipement des polices, la vidéosurveillance, les commissariats… on note un petit 2 millions d’euros pour les victimes.

 

Pourquoichercher à vous substituer à l’Etat plutôt qu’en dénoncer les insuffisances? Est-ce parce qu’une partie de la majorité régionale soutient la politique du gouvernement ? Avez-vous obtenu des contreparties, au bénéfice des publics fragiles, des personnels de l’administration pénitentiaire ou pour favoriser la prévention ?

 

Ici, au conseil régional, notre compétence sur le sujet est définie par la loi. C’est la formation des personnes dites sous main de justice. Or aujourd’hui, en France, 1 détenu sur 15 bénéficie d’une place de formation. Et à ce titre, je vous le rappelle encore, là où la Nouvelle Aquitaine a formé 5000 personnes en 2017, en Ile de France nous nous contentons de quelques centaines. Pour rappel, selon la Direction interrégionale pénitentiaire, il y a 15 500 personnes écrouées au 1er janvier en Ile de France, soit 18% du total en France.

 

Vous n’avez donné suite, par ailleurs, à l’impulsion pour les études supérieures dans les prisons, initiée avec force par notre collègue Mme This Saint Jean du temps où elle était vice-présidente.

 

Or selon l’Institut Montaigne, pourtant proche de vous, la formation diminue par deux le risque de récidive.

 

Donc pour diminuer la récidive, vous n’avez pas fait votre travail. C’est tragique. C’est une terrible défaillance pour la société et pour nos citoyens, qui nous met tous en danger. Vous utilisez l’argent de notre collectivité pour financer des prisons, mais vous devriez investir pour qu’elles cessent de se remplir.
A ce titre, encore une idée : la Région en tant qu’employeur pourrait accueillir des travaux d’intérêt général ou en proposer aux associations et collectivités partenaires, pour améliorer l’environnement naturel, réparer des actes de vandalisme, travailler sur le patrimoine ou pour la solidarité. La loi le permet, c’est dans le code pénal.

 

En conclusion, la prévention fait cruellement défaut à vos politiques, et ce qui existait avant votre arrivée, vous l’avez largement abrogé. D’ailleurs, vous avez entrepris de détricoter tout le soutien au tissu associatif et social qui aide à prévenir la descente aux enfers d’individus, qui, sans être excusables, peuvent souvent être empêchés d’errer.

 

A partir de 2021, nous ferons autrement.

 

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ANNEXE

  • 179 communes et EPCI pour l’équipement des polices municipales pour un montant de 2,665 M€
  • 226 communes et EPCI accompagnées et EPCI au titre de l’équipement en vidéosurveillance pour un montant de 19,153 M€,
  • Le cofinancement de la construction et rénovation de 14 commissariats de police municipale pour un montant d’1M €
  • 15,8 M€ pour soutenir 46 opérations de construction et de rénovation des commissariats de Police Nationale et Casernes de Gendarmerie
  • La sécurisation de 520 lycées (393 publics et 127 privés) pour un montant de 41,15 M€ ainsi que les Instituts de Formation Sanitaires et Sociales pour près de 239 863 € et
  • Le soutien à 156 projets portés par les associations d’aide aux victimes d’infractions pénales pour un montant de 2 M€.