Plan régional d’investissement dans les compétences 2020

200 millions d’euros, bien investis ? Intervention en séance plénière le 11 juin 2020. Il est question ici des publics prioritaires, de la notion de « métier en tension » à laquelle nous préférons celle de métiers d’avenir, de la qualité des débouchés professionnels comme des enseignements, et de la question de la formation des personnes sous main de justice.

Madame  la Présidente, Monsieur le Vice-président,

Nous sommes à un moment crucial pour l’emploi en Ile de France. Ce PRIC volet 2020 doit le refléter. D’ailleurs le PRIC constitue le principal levier budgétaire pour la formation professionnelle de la Région Île-de-France, si l’on regarde les montants engagés par l’État et la Région. Nous examinons ce rapport avec sérieux, même si une nouvelle fois le rapport est arrivé en retard et n’a pas pu être étudié sereinement en commission.

Qu’à cela ne tienne.

Nous pensons qu’il faut viser la qualité des formations et la qualité des débouchés professionnels.

C’est pourquoi nous vous invitons à la plus grande vigilance concernant l’aide exceptionnelle de 1000€ sur les métiers en tension. C’est bien sur les métiers d’avenir qu’il faut investir, pas uniquement sur les métiers dits en tension car l’objectif est d’offrir des emplois de qualité, qualifiants et pérennes, plutôt que de répondre mécaniquement aux demandes du marché du travail sans réflexion de long terme sur notre appareil productif. Les compétences sont essentielles pour développer un projet économique territorial au niveau des bassins d’emploi. C’est aussi à nous, collectivité planificatrice et anticipatrice, de préparer l’avenir.

Notons aussi que les métiers en tension ne reflètent pas nécessairement un besoin en formation. Les métiers de l’artisanat par exemple requièrent des qualifications : d’autres bien qu’en tension le justifient moins. Mais si l’on estime qu’il faut former à tous les emplois, on saupoudre les moyens sans offrir un véritable accès au métier pour ceux qui auraient besoin de plus d’heures d’enseignement. Et parfois, on ignore que les métiers en tension sont aussi ceux qui connaissent le plus grand turnover !

Nous souhaitons mettre aller plus loin pour soutenir les structures de formation pour favoriser la qualité des formations à distance.

Nous souhaitons mettre l’accent sur les personnes les plus éloignées de l’emploi dans leurs différentes catégories. Ces publics sont trop absents du programme. Nous pensons aux femmes souhaitant reprendre une activité professionnelle, aux jeunes sans qualification, aux migrants, aux personnes handicapées… A titre d’exemple, les conventions présentées ici ne bénéficient qu’à 1.500 bénéficiaires du RSA pour toute l’Ile de France ! Et pour  éviter d’accroître la fracture numérique, en attendant que les salles de formation rouvrent, nous recommandons de remettre en place des enseignements en utilisant le téléphone.

Plus que jamais, accélérer la formation pour les personnes sous main de justice nous paraît essentiel, en vue des sorties de prison et de en période de crise. Nous voulons augmenter d’urgence le nombre de personnes sous main de justice suivies pour rattraper le retard francilien. La Région peut même pour cela investir sur les infrastructures (plateaux techniques, ou ateliers), ce que vous ne faites pas. Il y a une convention cadre ARF-Etat de 2015 qui vous facilite le travail. Pourtant nous finançons les rénovations de commissariats. Nous souhaitons passer par la formation à distance et le tutorat qui permet de respecter les règles de distanciation, mais il faut maintenant développer une plus grande ambition. Quand vous êtes arrivés en janvier 2016 des conventions étaient prêtes pour améliorer l’offre de formation. A la dernière minute, elles ne sont pas passées en cP. Vous avez préféré passer des marchés en ignorant que vous pouviez aller au-delà même au regard du droit européen. Cinq ans plus tard, où en  sommes-nous ?